Les jours ont beau s’écouler depuis cette triste nouvelle ; le monde de la course automobile est toujours sous le choc. Les circonstances exactes restent encore à éclaircir et une enquête a d’ailleurs été ouverte par le parquet d’Albertville. Mais rien ne nous rendra Philippe, parti pour son dernier tour vers les anges.
Garçon de la campagne (il vécut sa prime jeunesse à Sézenove aux portes de Genève), les pieds sur terre, plein de bon sens, Philippe Favre ne connaissait pas d’ennemis : c’était la gentillesse – dans le sens noble du terme – faite homme, toujours prêt à rendre service, à conseiller, à dialoguer et à « arranger » les choses. Mécanicien de profession, il fut très rapidement happé par la passion de la course. Et comme nous le rappelle une réaction diffusée sur ce site, il jubilait quand, sur la route principale de son village, encore gamin, il pouvait s’installer les yeux écarquillés dans la Chevron 2 litres que Michel Dupont était en train de bichonner en vue des 24 Heures du Mans.
Favre aurait pu finir en F1 : son talent et ses résultats pour l’y conduire en constituaient des bases solides. Mais faute de moyens (il se battit comme un damné durant toutes ses années d’approche vers les sommets pour boucler ses budgets) et avec un mauvais timing (son épisode avec Leyton House lorsqu’il s’apprête à tourner à Jerez pour ses premiers pas en essais privés en GP avant que ce team soit dissous en fut l’illustration), son tour passa…
Après quoi, il vécut néanmoins de belles émotions, notamment avec l’usine Honda pour laquelle il participa à deux reprises aux 24 Heures du Mans (1994-95) et aux 24 Heures de Spa (3ème en 1995) et des piges multiples avec des Porsche, Venturi, Lister, Lucchini et autres Ferrari. C’est d’ailleurs au volant d’une F430 qu’il allait être victime du seul gros crash de sa carrière sur le circuit Paul Ricard. S’en suivit une longue période de souffrances (durant plus d’une année, Philippe avait des troubles du sommeil, de la vue et pour se concentrer) mais l’envie de piloter et de transmettre sa passion via sa société « Philippe Favre Events » et ses dons demeuraient intacts.
Mourir à ski alors que le danger, dans ses activités sur quatre roues était quasi omniprésent : voilà encore une part d’incongruité. De là-haut où il a rejoint son copain Roland Ratzenberger (disparu à Imola il y a bientôt vingt ans) avec lequel – du temps de ses escapades au Japon en F3000 – il partageait un appartement à Tokyo, Aimé Pouly qui fut son plus fidèle soutien-mécène-coéquipier et Loris Kessel avec qui il collabora de très près également, sûr que le souvenir de sa gentillesse naturelle rayonnera encore longtemps sur ceux qui eurent le bonheur de côtoyer Philippe…
PS : ses obsèques auront lieu lundi prochain 16 décembre à 14:30 à Bernex (Genève).