Le 15 avril 2023. Un samedi presque ordinaire. Et puis la nouvelle qui tombe, brutalement : Christian Borel n’est plus. Son cœur a lâché après qu’il ait battu durant 73 années au rythme des sports mécaniques. Il avait pourtant un gros cœur, l’ami Christian. Dans l’univers des quatre roues qu’il fréquentait depuis la fin des années 1960 (après avoir pratiqué la natation et le water-polo à un bon niveau), il s’était d’abord fait un nom dans les épreuves nationales (côtes, slaloms, rallyes) en tant que compétiteur, sans prétention aucune sinon celle d’assouvir une passion naissante au volant de son NSU TT inscrite par l’écurie des Ordons. Sa petite heure de gloire – ce n’était pas son genre de la rechercher – il allait la connaître à l’occasion du rallye de Court 1985, manche du championnat suisse, à la droite du talentueux Jurassien Jean-Paul Saucy avec une Lancia Delta HF en s’imposant dans le groupe N !
Mais c’est avant tout comme témoin d’événements des sport mécaniques que Christian Borel allait se révéler être un observateur averti : en karting d’abord (qui l’incita à publier un livre sur les compétitions nationales) puis en sport automobile avec une préférence marquée pour les rallyes et l’endurance.
C’est ainsi qu’après avoir créé et développé avec son épouse Elisabeth une revue appelée « Turbo » entre 1975 et 86, il collabora régulièrement à la Revue Automobile en axant ses thèmes sur les épreuves d’endurance et sur le DTM dont il devint un spécialiste dans le sens strict du terme. Il étendit ses piges en étant promu correspondant pour l’Europe du mensuel « Pole Position Magazine » implanté au Québec. Avec son attirail de téléobjectifs et ses carnets de notes, il passait des heures et des heures à trouver les bons angles, à recueillir l’avis des hommes qui faisaient l’actualité que ce soit sous les déluges de Spa, dans le brouillard du Nürburgring ou sous le soleil de la Sarthe. A l’occasion de leur rendez-vous des 24 Heures…
Il vit ainsi les jeunes pousses de l’époque qui avaient pour noms Marcel Fässler, Neel Jani, Romain Grosjean, Sébastien Buemi, Natacha Gachnang (aux Vaudois, il leur consacra un livre du temps de leurs saisons BMW) pour ne citer qu’eux sur le plan national, débuter leur carrière et la tracer par la suite avec le formidable succès que l’on sait.
En endurance, à son « palmarès », figurent 50 (!) présences aux 24 Heures du Mans (sur le terrain, à commencer par le « test day » puis les vérifications techniques, les essais libres, les qualifications, les parades, les présentations/conférences de presse de tout bord et la course évidemment). En résultèrent des montagnes de contacts, de relations, de connaissances et surtout d’histoires le plus souvent méconnues qu’un beau jour de 2006 Borel décida de coucher sur papier, lançant avec Jean-Marie Wyder la série de douze tomes des livres intitulée « Les Suisses au Mans ». Non seulement, il allait puiser dans sa mémoire et ses archives la matière pour écrire, en particulier rédiger des portraits et des analyses fouillées; mais encore enrichissait-il de ses photos nombre de chapitres ; et que fort de son expérience de typographe de profession qu’il fut durant de nombreuses années, il calibrait et mettait le tout en pages, dans son bureau style caverne d’Ali baba, au milieu de sa collection de modèles réduits (une autre de ses passions) et de livres provenant de tous horizons !
C’est ainsi qu’il fut au balcon lorsque Fässler décrocha la première victoire d’un pilote Helvète dans la Sarthe (2011) suivie par celles de Neel Jani et de Sébastien Buemi sans oublier les exploits (entre autres) des teams Filipinetti, Sauber et Rebellion. Des moments d’intenses émotions dont il n’était pas peu fier d’en avoir été le témoin privilégié car vécu en coulisses et proche de ses protagonistes pour la plupart.
Sur la lancée de cette série devenue une référence incontournable mais en levant un peu le pied, en gardant néanmoins un regard acéré sur ce monde au sein duquel il avait vu défiler de près plusieurs générations de pilotes de renommée mondiale, Christian allait aussi participer à la réalisation d’autres ouvrages (« Les pilotes suisses de F1 » et « Il s’appelait Siffert, Jo Siffert ») ; et il venait de mettre un point final à celui dédié à Clay Regazzoni (« Der Unzerstöbare ») qui paraîtra dans quelques jours.
Eminent spécialiste (notamment) des GP Moto, Jean-Claude Schertenleib faisait aussi appel à ses services afin de confectionner la série intitulée « Les Années Grands Prix Motos » via les Editions Turbo que Christian pilotait depuis la France voisine, entre Pontarlier et Besançon, où il s’était installé depuis quelques années après avoir vécu longtemps à Couvet dans le Val de Travers (Neuchâtel).
Fiable, consciencieux au point d’en avoir parfois mal à l’estomac, détenteur de connaissances comme peu de personnes dans les domaines de l’endurance, du DTM et des rallyes du mondial (WRC), jamais avare de les partager non sans y ajouter quelques commentaires bien sentis qui traduisaient son implication, incollable car devenu un véritable dictionnaire ambulant, Christian Borel opérait sans se mettre en avant ; ce qui tranchait fortement dans ces milieux parfois bling bling où l’exactitude des récits historiques laissent souvent à désirer…
Peu de choses pouvait le faire sortir de ses gonds ; mais quand il s’agissait de défendre une cause juste et noble, il ne s’embarrassait pas et l’exprimait alors haut et fort. Avec conviction.
En toute discrétion, comme fut sa vie : c’est ainsi que Christian s’en est allé. En ayant su partager sa passion à travers ses témoignages disponibles désormais et à jamais dans les bibliothèques et les médiathèques. RIP l’Ami !
jean-marie wyder
Mais c’est avant tout comme témoin d’événements des sport mécaniques que Christian Borel allait se révéler être un observateur averti : en karting d’abord (qui l’incita à publier un livre sur les compétitions nationales) puis en sport automobile avec une préférence marquée pour les rallyes et l’endurance.
C’est ainsi qu’après avoir créé et développé avec son épouse Elisabeth une revue appelée « Turbo » entre 1975 et 86, il collabora régulièrement à la Revue Automobile en axant ses thèmes sur les épreuves d’endurance et sur le DTM dont il devint un spécialiste dans le sens strict du terme. Il étendit ses piges en étant promu correspondant pour l’Europe du mensuel « Pole Position Magazine » implanté au Québec. Avec son attirail de téléobjectifs et ses carnets de notes, il passait des heures et des heures à trouver les bons angles, à recueillir l’avis des hommes qui faisaient l’actualité que ce soit sous les déluges de Spa, dans le brouillard du Nürburgring ou sous le soleil de la Sarthe. A l’occasion de leur rendez-vous des 24 Heures…
Il vit ainsi les jeunes pousses de l’époque qui avaient pour noms Marcel Fässler, Neel Jani, Romain Grosjean, Sébastien Buemi, Natacha Gachnang (aux Vaudois, il leur consacra un livre du temps de leurs saisons BMW) pour ne citer qu’eux sur le plan national, débuter leur carrière et la tracer par la suite avec le formidable succès que l’on sait.
En endurance, à son « palmarès », figurent 50 (!) présences aux 24 Heures du Mans (sur le terrain, à commencer par le « test day » puis les vérifications techniques, les essais libres, les qualifications, les parades, les présentations/conférences de presse de tout bord et la course évidemment). En résultèrent des montagnes de contacts, de relations, de connaissances et surtout d’histoires le plus souvent méconnues qu’un beau jour de 2006 Borel décida de coucher sur papier, lançant avec Jean-Marie Wyder la série de douze tomes des livres intitulée « Les Suisses au Mans ». Non seulement, il allait puiser dans sa mémoire et ses archives la matière pour écrire, en particulier rédiger des portraits et des analyses fouillées; mais encore enrichissait-il de ses photos nombre de chapitres ; et que fort de son expérience de typographe de profession qu’il fut durant de nombreuses années, il calibrait et mettait le tout en pages, dans son bureau style caverne d’Ali baba, au milieu de sa collection de modèles réduits (une autre de ses passions) et de livres provenant de tous horizons !
C’est ainsi qu’il fut au balcon lorsque Fässler décrocha la première victoire d’un pilote Helvète dans la Sarthe (2011) suivie par celles de Neel Jani et de Sébastien Buemi sans oublier les exploits (entre autres) des teams Filipinetti, Sauber et Rebellion. Des moments d’intenses émotions dont il n’était pas peu fier d’en avoir été le témoin privilégié car vécu en coulisses et proche de ses protagonistes pour la plupart.
Sur la lancée de cette série devenue une référence incontournable mais en levant un peu le pied, en gardant néanmoins un regard acéré sur ce monde au sein duquel il avait vu défiler de près plusieurs générations de pilotes de renommée mondiale, Christian allait aussi participer à la réalisation d’autres ouvrages (« Les pilotes suisses de F1 » et « Il s’appelait Siffert, Jo Siffert ») ; et il venait de mettre un point final à celui dédié à Clay Regazzoni (« Der Unzerstöbare ») qui paraîtra dans quelques jours.
Eminent spécialiste (notamment) des GP Moto, Jean-Claude Schertenleib faisait aussi appel à ses services afin de confectionner la série intitulée « Les Années Grands Prix Motos » via les Editions Turbo que Christian pilotait depuis la France voisine, entre Pontarlier et Besançon, où il s’était installé depuis quelques années après avoir vécu longtemps à Couvet dans le Val de Travers (Neuchâtel).
Fiable, consciencieux au point d’en avoir parfois mal à l’estomac, détenteur de connaissances comme peu de personnes dans les domaines de l’endurance, du DTM et des rallyes du mondial (WRC), jamais avare de les partager non sans y ajouter quelques commentaires bien sentis qui traduisaient son implication, incollable car devenu un véritable dictionnaire ambulant, Christian Borel opérait sans se mettre en avant ; ce qui tranchait fortement dans ces milieux parfois bling bling où l’exactitude des récits historiques laissent souvent à désirer…
Peu de choses pouvait le faire sortir de ses gonds ; mais quand il s’agissait de défendre une cause juste et noble, il ne s’embarrassait pas et l’exprimait alors haut et fort. Avec conviction.
En toute discrétion, comme fut sa vie : c’est ainsi que Christian s’en est allé. En ayant su partager sa passion à travers ses témoignages disponibles désormais et à jamais dans les bibliothèques et les médiathèques. RIP l’Ami !
jean-marie wyder