Triste nouvelle provenant de France voisine : le franco-suisse Marcel Gagliardi (son grand-père était tessinois) s’est éteint le 14 mai dernier à Belley (où il avait développé la société Comatel liée aux équipements électriques de centrales à béton ainsi que plusieurs autres usines). Gentleman driver né à Lyon le 21 mai 1931 (il aurait donc eu 86 ans), il avait surtout évolué en rallyes, au volant d’Alpine Renault notamment. Son heure de gloire, il allait la connaître en 1975 aux 24 Heures du Mans – sa seule participation dans la Sarthe – quand, avec l’aide du franco-suisse Daniel Brillat et du Genevois Jean-Michel Degoumois, il hissa sa BMW 2002 Ti préparée au Liechtenstein par le sorcier Max Heidegger au 27ème rang final et surtout en s’imposant dans la catégorie « tourisme spécial » (groupe 2).
Au bord des larmes de rage et de déception : c’est ainsi que ses proches ont retrouvé Marcel Fässler, prostré dimanche dernier à l’issue des 24 Heures du Nürburgring. A un quart d’heure de la fin de cette épreuve très populaire outre-Rhin et largement mieux suivie qu’un GP de F1 (205'000 spectateurs), notre homme filait vers la victoire absolue au volant de son Audi R8 LMS. Las, une averse fit alors son apparition sur une portion du circuit ; et tandis que ses adversaires réagissaient « juste » en faisant monter des pneus pluie, son team WRT se fourvoyait complètement et précipitait sa perte (3ème au final). Vainqueur trois fois au Mans, vainqueur à Spa, Fässler cherchait à signer le grand chelem dans le format des courses de 24 Heures en épinglant enfin le Nürburgring à son palmarès. Encore raté ! D’où sa profonde déception. Au Mans, dans quelques jours, il aura la possibilité de se racheter : après Daytona et Sebring, il rêve en effet de remporter la victoire dans la catégorie GT au volant de sa Chevrolet Corvette d’usine… Dans cet autre « triptyque », ce serait alors la cerise sur le gâteau et une bonne manière d’atténuer sa désillusion du Ring !
Il y a du Jo Siffert dans cette démarche ; celle adoptée ce week-end par Marcel FAESSLER, sur le pont samedi à Zolder au volant d’une Audi R8 pour les qualifications du « Blancpain GT Series ». Après avoir sauté dans un jet privé, il sera au Mans le dimanche matin pour les tests obligatoires des 24 Heures avec une Chevrolet Corvette avant de repartir à la mi-journée pour la Belgique, toujours en jet privé, pour participer à la course du Blancpain GT Series dont il est l’un des animateurs.
En 1971, année de sa mort, Jo SIFFERT avait accumulé ce type d’action, prenant part à 42 courses durant la saison ! Depuis que son volant chez Audi en WEC lui a été retiré, Fässler vit un peu à la même cadence en ne sachant plus où donner de la tête : en 2017, en alignant ses engagements avec Audi (qui, soit dit en passant, lui a diminué son salaire de moitié suite au remaniement de ses implications en endurance) et Chevrolet, il sera sur la brèche quinze week-ends dans l’année, avec un total de vingt-cinq courses au programme ! Vent de tristesse dans le milieu des sports mécaniques de Suisse romande : Jean-Claude ZUCKER est décédé le 26 mai au CHUV de Lausanne suite à un AVC. Il aurait eu 74 ans le 24 octobre prochain.
Zucker avait été fortement impliqué dans l’engagement des Cheetah 2 litres de Chuck Graemiger aux 24 Heures du Mans 1979 et 80 (du temps de Sandro Plastina, de Mario Luini, de Philippe Roux) tant au niveau de l’intendance (responsable de stand) que de l’organisation du team (recherche de fonds). Depuis de nombreuses années, ce véritable passionné était le président du « Honda Sportcars Club » et régulièrement, il mettait sur pied avec poigne et une compétence reconnue loin à la ronde des réunions sur circuits regroupant notamment des détenteurs de NSX. Compte tenu de la collision de dates entre la Formule E (à New-York) et la manche du WEC sur le Nürburgring – le week-end du 16 juillet prochain – le team Rebellion (LMP2) doit recomposer ses équipages, Nelson Piquet Jr et Nicolas Prost étant partants outre-Atlantique. Pour les remplacer, Filipe Albuquerque et Romain Dumas semblent tenir la corde.
Autre info provenant du clan Rebellion : après Daytona et Sebring et sa quête de succès aux Etats-Unis, le team fera l’impasse sur la course IMSA de Watkins-Glen (où Marcel Fässler devait défendre ses couleurs) afin de concentrer tous ses efforts sur le rendez-vous du Petit Le Mans/Road Atlanta (début octobre). C’était le samedi 31 mai 1986 ; cela fait donc trente et un ans ; Marc Surer, engagé dans le rallye de Hesse (centre de l’Allemagne) manche du championnat d’Europe voyait sa carrière au plus haut niveau ruinée lors d’une terrible sortie de route tandis que son coéquipier, le Valaisan Michel Wyder (36 ans) périssait dans les flammes de leur Ford RS200 groupe B. Avec 82 départs en GP et deux 4ème places comme meilleurs résultats, Surer (35 ans à l’époque et très grièvement blessé) avait encore un bel avenir devant lui, notamment en endurance. Il avait participé à trois éditions des 24 Heures du Mans dont à deux reprises (1978-1981) pour le compte de Peter Sauber qui le tenait en haute estime et qui préparait son offensive dans le domaine (il réalisa le doublé dans la Sarthe en 1989 avec ses célèbres C9 à moteur Mercedes). Rappel : un reportage de douze pages, richement illustrées, est consacré à Marc Surer dans le dernier tome (no 11) du livre « Les Suisses au Mans ».
Marcel FAESSLER sera l’auteur de la préface du prochain tome du livre « Les Suisses au Mans » 2017. Un magnifique « Corner » lui sera consacré, avec un festival de photos inédites (y compris une le montrant en 2002 lors de tests en F1 avec McLaren-Mercedes) : normal, avec ses trois victoires dans la Sarthe (2011, 2012, 2014), il méritait bien cet honneur. Dans sa conclusion, il note qu’en additionnant tout ce qui a été publié sur lui dans les onze premières éditions de notre ouvrage, cela représente 350 pages ! De quoi disposer d’une belle matière pour en faire un livre, à lui seul…
Autre révélation – prescription aidant – dans cette édition 2017 : comment en 2013 il a galvaudé sa chance de signer un historique « grand-chelem » avec ses coéquipiers André Lotterer et Benoît Tréluyer. A découvrir tout cela au début décembre prochain… On le sait : en 2017, Benoît MORAND marque une pause dans son programme en tant que team manager ; mais il n’en demeure pas moins très actif en coulisses puisqu’avec l’aide d’une cellule de la Haute Ecole d’ingénierie et d’architecture de Fribourg et un plan de financement ambitieux sur le point d’être conclu, le Fribourgeois (59 ans) planche sur son retour en endurance dès 2018 avec une nouvelle organisation et un projet étalé sur trois saisons en WEC avec une LMP1 (en collaboration avec Onroak donc Ligier, en principe, et une motorisation singulière avec un Judd pour base mais développé par sa propre équipe d’ingénieurs).
Le Mouret, village de trois mille habitants situé entre Marly et Bulle (Fribourg), au bout duquel s’égrène une rectiligne de près de 1,5 kilomètre brisée par une courbe rapide : c’est là qu’au milieu des années 1960, Jo SIFFERT venait parfois pousser dans leurs derniers retranchements – donc sur route ouverte mais « contrôlée » par quelques copains-vigiles, le temps de boucler son « programme » – ses moteurs de F1 installés dans sa Lotus ou sa Brabham avant de partir à l’assaut des GP. Ironie du destin et de l’histoire : Philippe son fils travaille désormais au sein du Garage Kolly installé en bordure immédiate de ce tronçon !
Pilote durant huit saisons au sein de la structure Spyker Squadron puis Speedy/Seebah et enfin Rebellion (de 2007 à 2014), l’Italien Andrea BELICCHI (42 ans) a rejoint cette année les rangs d’un team italien (le Cetilar Villorba Corse) qui engage une Dallara LMP2 dans le championnat ELMS. A Monza l’autre jour, le natif de Parme s’est classé 5ème de la deuxième manche de cette compétition. Il sera au départ des 24 Heures avec la même formation et le même matériel.
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LES NEWS ET LES POTINS DE JMW
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Jean-Marie Wyder ![]() Après un silence de plus de six mois – et à la demande générale, restons modestes… – nous avons décidé de redonner vie à ce site. Comme annoncé à l’époque (novembre 2016), ce sera sous une forme un peu différente, mais le plus souvent décalée, sans servir de manière servile et infantile la soupe proposée par des communicants de tout poil, autoproclamés seuls compétents, en faisant par conséquent la part belle aux infos inédites et colorées. En espérant que cette correction de trajectoire vous plaira – merci d’avance pour vos futurs commentaires – et vous permettra de rester branchés, en particulier sur les 24 Heures du Mans et ses acteurs suisses ; d’hier comme d’aujourd’hui. (jmw/jean-marie wyder)
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Avril 2023
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